Août 2014 j’écrivais :
Août 2013, dans le Sud-ouest. Une fête foraine
bat son plein à 500m, pétards, feux d’artifice! Un portail mal refermé et le
cauchemar commence : Django mon whippet prend peur et s’enfuit. Des kilomètres
jour et nuit, du porte à porte, des messages partout et une réponse sur
Facebook de Fabienne (Tahoé) qui me met aussitôt en relation avec
Hélène, Présidente d’ADL. Ses conseils quasi quotidiens, ses appels de soutien
ont permis de retrouver Django !
Merci Hélène, je ne pourrai jamais oublier !
Quel bonheur, mais ce bonheur me réservait une
autre surprise.
En regardant les loulous à l'adoption, en
septembre, un regard a accroché le mien:
Des yeux d’ambre magnifiques entourés d’un beau
pelage noir et blanc, mais oh combien tristes et inquiets ces yeux-là.
Je pensais offrir un jour notre maison à un galgo, un de ceux laissés de côté, mais là ce fut comme un coup de foudre, mon galgo ne pouvait être que lui, Diego !
Je pensais offrir un jour notre maison à un galgo, un de ceux laissés de côté, mais là ce fut comme un coup de foudre, mon galgo ne pouvait être que lui, Diego !
Hélène a accepté de le prendre sous l’aile
protectrice d’ADL et le 16 novembre 2013, Diego devenu Onyx, ma perle noire,
posait ses pattes à la maison.
Ce regard qui me fascinait était rempli de
craintes.
On ne sait rien de ton passé Onyx, mais on
imagine ce que tu as enduré.
Ta peur panique des hommes, d’un bras qui se
lève, d’une fenêtre qui s’ouvre, de monter dans une voiture, traduisent ton
histoire faite certainement de violence, de coups, de faim, de soif,
d’épuisement.
Ce C gravé sur ton flanc, œuvre de ton ancien
maître, ce C comme Chasse, comme Courir jusqu’à l’épuisement, comme Chaînes,
comme Cris, comme Cravache, comme Cicatrices, comme Calvaire, comme Cauchemars
reste aussi gravé dans ta mémoire.
Combien de temps faudra-t-il pour que ce C de tes
Craintes, des Cachettes où te réfugies, de ton Courage aussi, de ton Combat
pour la vie, ne soit plus que celui de la Confiance, non pas celle que tu nous
as donné si vite, mais envers les autres, les hommes surtout, du Calme dans ton
esprit, que tu acceptes les Caresses de ceux que tu connais moins.
Ce regard des premières photos au refuge, je le
connais bien maintenant, c’est celui de l’inquiétude.
Et pourtant, quand rien ne réveille tes
souvenirs, dans ton univers familier, tu n’es que tendresse, joie de vivre,
complicité avec tes copains.
Tes cabrioles, ton esprit coquin un peu crapule
parfois, tes vocalises matinales qui me font sortir du lit à l’aube naissante,
celle que j’appelle « l’aube des galgos », tes courses effrénées, ton côté
charmeur, tes câlins, comme on les aime !
Tu as eu la malchance d’être malade : le verdict
un mois après ton arrivée : leishmaniose positif ! Qu’importe, nous allons
ensemble faire face à ce parasite, tu vas guérir de tes lésions sur la peau et
tu vivras normalement ! Quelques mois de traitement et Victoire, l’infection
est maîtrisée.
Puisses-tu un jour contempler la vie, sans
crainte, sans soumission, avec son cortège de plaisirs, de bonheur, de
quiétude, de sérénité ! Nous savons que le chemin peut être long, mais nous le
parcourons ensemble avec patience et beaucoup d’amour partagé ! "
"Lucia,
celle vers laquelle on regardait pour voir le lever du soleil !
( Lucia au refuge,
une petite misère)
7 Juin 2014 à l’aube, sur un parking d’autoroute,
arrive le camion de Scooby.
Le cœur palpite, la porte s’ouvre et c’est la
découverte de tous ces regards dans les cages, tranquilles, joyeux ou inquiets.
Parmi eux, Lucia
qui va poser ses pattes sur le sol de son pays d’adoption. Que d’émotions en la
voyant, si fragile!
Que de peur et de tristesse dans ce regard, que
d’inquiétude à cet instant : où suis-je ? Où vais-je ? Qui sont ces gens qui
emmènent mes compagnons de voyage et cette femme qui s’approche de moi ?
Ma douce Lucia, tu arrives avec dans ta
valise un passé si douloureux ! Reproductrice au fond d’une cave, ton ventre
meurtri en témoigne, combien de petites misères as-tu offert à ces galgueros
qui ne t’ont remercié que par des coups si violents qu’ils t’ont brisé les os
du bassin, le fémur et rompu un tendon.
Tu n’as connu que la souffrance, l’indifférence,
le mépris, la douleur et tu me regardes avec une lueur d’espoir à fendre le
cœur ! Combien de temps faudra-t-il pour te faire oublier ? Ces petits que tu
as mis au monde seule dans la nature, lors de ton errance, et dont deux
t’accompagnaient dans ce camion de l’espoir, pourras-tu aussi les oublier
petite mère courage ? Et pourtant, toi ma douce, ma tendre, ma valeureuse, ma
discrète, tu m’as si vite fait cadeau de ta confiance !
Tu découvres avec bonheur les caresses, la voix
qui murmure et rassure, le plaisir d’un repas, le jeu et tout simplement
l’amour.
Mais parfois, de vieux démons agitent encore ton
sommeil et tu pleures, tu gémis.
Je te caresse, te parle à voix basse et tu te
blottis contre moi, pour te rendormir avec de grands soupirs.
Tu ne pourras certainement jamais courir
comme les autres, tes fractures inopérables, ta respiration courte t’en
empêchent, mais en ballade, nous cheminons tranquillement et avec bonheur
ensemble, à ton rythme, tes yeux cherchant souvent les miens, comme pour me
dire « je suis bien près de toi tu sais, je t’aime, on ne se quittera pas hein
! »
Lucia, ma petite lumière de l’aube, nous serons
toujours près de toi pour te faire oublier ces cinq années de ton calvaire, te
protéger et te donner tout le bonheur que tu mérites enfin, mais que tu nous
apportes aussi chaque jour passé ensemble."
4 janvier 2018
4 années se sont écoulées, tous deux ont évolué à
leur vitesse, la patience, le respect, l’amour, les soins ont eu raison de
leurs douleurs, de leurs peurs, de leur handicap.
Onyx est devenu un merveilleux galgo, sans craintes, même s’il persiste une certaine prudence devant l’inconnu, une véritable fusée en course, chef d’orchestre de la chorale des loulous à laquelle tous participent, plein de joie de vivre qu’il sait communiquer, sa leishmaniose est à un taux limite de positivité sous Allopurinol. Il s’est trouvé dans la meute une « chérie » certes un peu volage, qui aime tous les mâles de la maison, mais sans une once de rivalité, pourvu qu’il puisse le soir la serrer dans ses pattes. Un véritable gentleman, à la robe soyeuse, brillante comme un diamant noir, émaillée des cicatrices d’un passé qui ne le hante plus.
Lucia, qui devait être handicapée à vie, la
grande craintive qui tremblait, claquait des dents dès qu’un inconnu arrivait à
la maison, reste encore en retrait devant les inconnus, mais curieuse,
contemple de loin avant d’oser montrer le bout de son long nez, les massages,
la kiné, l’hydrothérapie ont permis qu’elle muscle sa hanche brisée, elle court
avec bonheur, ses problèmes respiratoires à l’arrivée, dus à ses conditions de
vie probablement enfermée pour faire bébés sur bébés dans un endroit humide
plein de bactéries et de champignons, ont définitivement disparu, c’est la
Reine-Mère de la maison, éduquant les plus jeunes, calmant les plus vifs dans
leurs jeux bruyants et mouvementés, très affectueuse, paisible, et cependant devenue
joueuse comme pour rattraper une jeunesse interdite. Il y a quelques mois, est
apparue une lésion de la truffe, verdict : lupus discoïde ! Mais en
évitant le soleil (qu’elle adore) et un peu de cortisone localement, sa vie n’est
pas en danger.
Tous deux ont maintenant des fils d’argent, qui
leurs donnent des museaux irisés, la sagesse à fleur de poils des jeunes
seniors les rend encore plus touchants. Mais parfois cette sagesse les quitte et ils deviennent des acrobates sans peur et sans reproches à la vue d'un "greffier".
Merci mes amours de m’avoir adoptée, de combler
de bonheur notre quotidien, d’avoir ouvert la porte de notre maison à d’autres
abîmés de la vie dans un ailleurs sans pitié et sans amour. Merci tout
simplement d’exister, vous nous avez tous tant appris.